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72 RECHERCHES SUR MOLIÈRE.
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se distinguent par le luxe des étoffes et des broderies, malheureusement l'inventaire ne mentionne pas les rôles auxquels servaient ces costumes. L'argenterie et les bijoux ont aussi une grande valeur, et le tout représente, en s'en tenant . à la prisée, une somme d'environ trois mille livres; mais l'article le plus considérable consiste dans les deniers comptants « en espèces de louis d'or, pistoles et pièces de quatre pistoles d'Espagne, louis blancs de trente sols, » valant dix-sept mille huit cent neuf livres, c'est-à-dire près de quatrevingt dix mille francs de notre monnaie actuelle.
Les papiers de Madeleine Béjard sont moins nombreux qu'on ne pourrait le croire d'après sa position et son caractère; cependant ils complètent, sur certains points, la biographie de celle qui tint une si grande place dans la vie de Molière et éclaircissent quelques faits mal appréciés jusqu'à présent, faute de documents authentiques. Les relations de Madeleine avec les familles de Modène et de l'Hermite ont donné lieu a beaucoup de fausses interprétations; un aperçu de ces relations, commencées bien avant que Molière ne connût les Béjard, et qui se prolongèrent jusqu'à la fin de l'existence de Madeleine, ne pouvait trouver place qu'ici et va nous forcer de remonter pour un instant en arrière.
Il a déjà été question d'une fille naturelle, née en 1638 d'Esprit de Raimond, seigneur de Modène, et de Madeleine Béjard. A cette époque, M. de Modène était veuf de sa première femme, Marguerite de la Baume, dont il avait eu un fils, tenu sur les fonts de baptême par Monsieur, duc d'Orléans, et nommé, comme son parrain, Gaston-Jean-Bap-tiste; M. de Modène était donc libre de contracter un second mariage et dut s'engager à épouser Madeleine. La preuve de cette résolution semble résulter de l'acte de baptême de leur fille naturelle, inscrit sur les registres de Saint-Eustache à la date du ll juillet 16381. Le parrain de cette fille, nommée Françoise, est « Jean-Baptiste de l'Hermite, écuyer, sieur de
1. Dissertation sur Molière, par Beffara,. page 13.
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